Weil, Jean, né le 6.9.1938; à Briey, (Meurthe-et-Moselle, France) |
Mère: |
Odette Georgette née Levy, née le 18.2.1910 à Nancy décédée le 30.8.2003 à Paris, 20ième Arr. |
Père: |
Marcel Henri Weil né le 7.2.1907 à Nancy, décédé le 15.4.1994, à Vaux-Le-Pénil, Seine-et-Marne, Ingénieur. |
Soeurs: |
- Josette, Lucie, France née le 29.03.1942 à Mancieulles, décedée le 27.4.1945 à Tröbitz, Allemagne. |
- Marie, Josette née le 1.8.1946 |
Frère: |
Gérard, René né 30.6.1948 |
Il est né le 6 septembre 1938 à Briey (Meurthe et Moselle). Son père, Marcel, était chef de service dans une mine à Mancieulles. Sa mère, Odette n’exerçait plus de profession depuis son mariage.
Il est âgé de 4 ans lorsqu’il est arrêté par la Gestapo, au domicile familial, avec sa mère et sa petite soeur Josette, née 6 mois plus tôt (29 mars 1942). Ils sont emmenés à la prison de Briey, puis à Ecrouves, Beaune-La-Rolande, Drancy et déportés le 2 mai 1944 à Bergen-Belsen.
C’est le statut de femmes de prisonniers de guerre, qui retarda la déportation du groupe de femmes juives dont Odette faisait partie.
Embarquées avec environ 2000 autres juifs/juives le 9 avril 1945 dans le « train -ou transport- perdu», elles sont délivrées par l’Armée Rouge à Tröbitz. Malheureusement cela ne met pas fin au cauchemar de la guerre, puisque Josette décède le 27 avril.
Famille, études et vie professionnelle
A Thann (Haut-Rhin) où s’installe la famille, naissent une soeur, Marie-Jo (1946) et un frère, Gérard (1948). Leur père est ingénieur, chef de service, dans une entreprise de produits chimiques.
Malheureusement à leur arrivée en Alsace, Jean est atteint d’une primo-infection tuberculeuse : «J’ai dû vivre des mois loin de mes parents, encore une fois. J’étais dans les Alpes [au Roc-des-Fiz], pour me faire soigner.»
Jean fréquente l’école primaire, puis le collège, mais la vie scolaire et l’enfermement qu’elle impose ne lui conviennent pas
«Je ne supportais pas l’autorité non explicitée, ce qui m’a valu quelques soucis, d’ordre scolaire»
dit-il lors d’une interview.
Il poursuit des études dans une école d’agriculture, puis s’installe à Paris et s’oriente vers le droit et l’histoire du mouvement ouvrier. Il collabore à la rédaction d’ouvrages sur la classe ouvrière. Il réalise un mémoire en histoire sociale.
Il travaille quelques années comme journaliste pour un mensuel municipal, puis se tourne vers l’enseignement des sciences médico-sociales en 1973.
Dès lors il enseigne en lycée, donne des cours aux professeurs en formation ; il s’intéresse très tôt à l’enseignement de l’informatique, qui devient un peu sa spécialité, et à son utilisation par les élèves dans le cadre de la matière qu’il enseigne. L’essentiel de sa carrière se déroule au Lycée Maurice Ravel dans le 20ème arrondissement de Paris.
Vie familiale
Il fait connaissance d’Annick Barais au cours des années 60. Elle est originaire de Baugé, dans le Maine et Loir et est étudiante en psychologie. Ils se marient et ont une fille, Sandrine, en 1972.
Ils vivent à Paris jusqu’à la retraite de Jean. Annick enseigne la psychologie à l’Université, termine sa carrière comme professeur émérite. Elle est aujourd’hui une spécialiste reconnue de psychologie cognitive.
Sandrine, dont le conjoint est de la région, est installée à La Flèche. Elle enseigne aussi, le français, et s’intéresse beaucoup à l’utilisation du cinéma comme outil pédagogique. Elle réalise des films avec ses élèves et elle est reconnue comme spécialiste de ce domaine. Elle vit avec Jérôme et ils ont 2 fils.
Jean cesse son activité professionnelle en 1998 et dès 1999, s’installe avec Annick dans un ancien moulin sur le Loir, non loin du pays d’origine d’Annick.
Dès lors, Jean ne cesse d’écrire, des nouvelles surtout. Il est aussi correspondant local pour des quotidiens régionaux.
La vie à la campagne lui correspond parfaitement. Il aime la nature, les travaux agricoles, les animaux et a largement de quoi occuper ses loisirs. Depuis la propriété qu’ils acquièrent on a une superbe vue sur le Loir.
Jean est décédé le 20 janvier 2021 chez lui, à Bazouges-sur-le-Loir (Sarthe).
Portrait à travers ses paroles et les témoignages
«Je préfère témoigner de l’humanité qui est en chaque homme que des horreurs qui ne font que réveiller la part sadique qui est en lui » écrivait Jean Weil en 2016. Une posture intellectuelle qui résume bien qui était cet ancien déporté.
...Jean Weil a peu témoigné en public. Lui qui disait correspondre assez peu au stéréotype du malheureux déporté a privilégié l’écrit comme mode d’expression.
Son parcours professionnel a également été prétexte à distiller des messages empreints de sa vision humaniste du monde. « Je pense que le témoignage le plus utile a été celui de ma pratique d’enseignant.
J’ai essayé de mettre les élèves en garde contre tous les totalitarismes, tant hitlériens que staliniens. J’ai essayé aussi de démonter avec les élèves les mécanismes du discours qui menaient à l’adhésion aveugle et à une vision démagogique des faits sociaux » disait Jean Weil.
« Fin août 2016, alors qu’il était fait chevalier de la Légion d’Honneur à la mairie de Bazouges, il déclarait: Je n’ai aucun mérite. Ce n’est pas ma seule personne qui est concernée, mais tous les juifs de France. Son patronyme figure sur Le Mur des Noms au mémorial de la Shoah à Paris. Parmi les 75 568 juifs déportés de France, Jean Weil était un des 11 400 enfants ».
(Ouest-France janvier 2021)
Jean fut un merveilleux grand frère. Agé de 8 ans de plus que moi, il fut un repère et m’accompagna avec tendresse durant toute mon enfance et adolescence. Il fut une sorte de guide, en particulier pour mes lectures et j’ai profité de son expérience.
Marie Josette Ehrhard-Weil
(2024)
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